L’accès au logement devient de plus en plus difficile pour une partie de la population. Cependant, il serait biaisé de vouloir répondre à cette problématique en se concentrant uniquement sur les prix d’acquisition des habitations. Le coût global d’usage des logements pèse en effet aussi dans le portefeuille de nombreux ménages et selon Laurent Tirot, CEO d’Equilis France, il est de la responsabilité des développeurs d’être attentifs à cette dimension. Explications.
Malgré des taux d’emprunts historiquement bas ces dernières années, l’accès au logement et à la propriété immobilière est de plus en plus problématique dans de nombreux pays d’Europe. Le phénomène s’explique notamment par l’augmentation des prix des terrains et des logements, laquelle est parfois liée à un phénomène de rareté de l’offre immobilière de qualité.
La création de logements abordables financièrement est donc devenue un sujet central pour de nombreuses collectivités comme pour les développeurs. On pense souvent que la meilleure solution est d’agir sur les prix d’acquisition mais selon Laurent Tirot, CEO d’Equilis France, cela ne suffit pas : « Pour rendre le logement plus abordable, il faut prendre en compte son coût global d’usage », souligne-t-il. « Cela inclut évidemment le prix d’achat, mais aussi les charges récurrentes ou encore les coûts de mobilité. Pour une personne qui habite à 30 km de son travail et qui doit s’y rendre en voiture, ce coût de mobilité risque d’être de plus en plus important car les prix des énergies vont continuer à augmenter. »
Proximité et mixité : deux vecteurs clés
Depuis plusieurs années déjà, Equilis limite les frais liés aux charges grâce à des bâtiments durables et économes en énergie. En témoignent par exemple l’éco-quartier Court Village ou encore les maisons aux PEB A de l’Orée de Seumay. Le développeur mise aussi sur des technologies innovantes comme à Docks Bruxsel, où le centre commercial est chauffé grâce à la récupération de chaleur d’un incinérateur de déchets tout proche. A l’avenir, cette solution pourrait également être appliquée aux logements.
Pour ce qui est de la mobilité, la réduction des coûts passe souvent par la diminution de l’usage de la voiture, ce qui implique d’offrir une proximité des services. « Les gens souhaitent aujourd’hui avoir la possibilité de travailler ou faire leurs courses près de chez eux, non seulement parce que c’est un moyen d’économiser sur les déplacements mais aussi parce que c’est plus confortable », observe Laurent Tirot.
Pour rendre les logements plus abordables et diminuer leur coût global d’usage, il fait donc sens de développer des projets là où leurs occupants peuvent bénéficier de la proximité des services. Ces facilités peuvent aussi être apportées ou complétées par des projets mixtes dont les fonctions sont adaptées aux besoins locaux. Equilis a mis au point plusieurs projets de ce genre, comme l’éco-quartier Court Village en Belgique qui mêle logements et commerces complémentaires à ceux situés dans le centre de la commune, ou encore La Canopée en France qui apportera de nouveaux bureaux et des habitations pour les travailleurs de la technopole Sophia Antipolis.
Densifier intelligemment
A côté de la mixité et de la proximité, la densification fait aussi partie des leviers pour rendre le logement plus abordable. « Ce principe est souvent difficile à faire accepter par le voisinage et les élus locaux mais si l’on veut préserver les espaces verts et éviter l’étalement urbain, il est indispensable de densifier là où c’est possible et pertinent », souligne le CEO d’Equilis France. « L’idée n’est évidemment pas de bâtir des tours au milieu des campagnes mais quand un Plan Local d’Urbanisme permet par exemple de construire quatre niveaux et qu’on n’en autorise que trois aux développeurs, on gâche les capacités du sol. »
En optant pour un aménagement du territoire qui mêle proximité des services, mixité des fonctions et densité raisonnable, on peut développer des projets qui répondent aux enjeux climatiques tout en proposant du logement abordable et de qualité. Cette solution est assez proche de ce qu’on appelle la « ville des 15 minutes » ou d’après Laurent Tirot la « ville heureuse », car elle est créatrice de liens et d’une expérience urbaine de qualité